Les mouvements périodiques des membres pendant le sommeil (MPMS) et le syndrome des jambes sans repos (SJSR)

Quand les membres fourmillent ou s’agitent ou troublent le sommeil, comment les mettre au repos?

Les mouvements périodiques des membres pendant le sommeil (MPMS) sont une activité motrice involontaire et perturbatrice, tandis que le syndrome des jambes sans repos (SJSR) est des sensations désagréables.

Comme leur nom respectif l’indique, les premiers se produisent pendant le sommeil et le second le plus souvent quand on est éveillé, au repos ou en train de s’endormir.

Bien qu’il s’agisse de phénomènes très différents, les MPMS et le SJSR sont régulièrement confondus, sans doute parce qu’ils se manifestent souvent en même temps et présentent quelques ressemblances :

  • Les deux troubles touchent les membres, généralement les jambes.
  • Ils peuvent apparaître à n’importe quel âge, mais en général après 50 ans.
  • Ils peuvent être liés à une carence en fer et en ferritine.
  • Les symptômes peuvent perturber le sommeil. Le SJSR peut interférer avec l’endormissement et les MPMS peuvent perturber le sommeil, ce qui peut entraîner une privation de sommeil et des symptômes d’insomnie, qui ont des répercussions pendant la journée, comme la somnolence.
  • Ils se traitent de façons similaires.

Le tableau qui suit résume les distinctions essentielles entre les MPMS et le SJSR :

Caractéristiques Mouvements périodiques des membres pendant le sommeil (MPMS) Syndrome des jambes sans repos (SJSR)
Principaux symptômes
Mouvements involontaires des membres pendant le sommeil, principalement les jambes, souvent décrits comme des contractions, des coups de pied, des secousses ou des flexions des pieds vers le haut.

• Les mouvements sont répétitifs et surviennent à intervalles récurrents (périodiques).

• Les mouvements périodiques ne réveillent pas toujours les dormeurs : la plupart du temps, ils ne s'en rendent pas compte. Ils peuvent donc déranger davantage la personne qui dort avec eux. Il arrive que les personnes affectées aient de la difficulté à s'endormir et à rester endormies.

• Environ 50 % des personnes atteintes présentent également un SJSR.
• La sensation d’impatience, d'agitation interne est désagréable et incommodante. La plupart des gens ont du mal à la décrire.

• Les sensations signalées sont notamment, une envie irrépressible de bouger les jambes (cela peut affecter les bras occasionnellement), des fourmillements, des picotements, une brûlure, des démangeaisons, des douleurs, des décharges électriques ou un besoin de bouger.

• Les mouvements volontaires (bouger) soulagent entièrement ou partiellement, la démangeaison et les sensations désagréables. Pour se calmer, il est courant que les gens marchent, fassent les cent pas, s'étirent ou se secouent les jambes, se tournent et se retournent. En général, le soulagement est de courte durée, et les symptômes reviennent.

• Entre 80 et 90 % des personnes atteintes présentent également des symptômes de MPMS.
À quel moment le trouble se manifeste-t-il?
Pendant le sommeil.

• Au moment de s'endormir et avant le sommeil paradoxal.
Au repos en état de veille ou à l’endormissement c’est pourquoi on parle de jambes sans repos.

Après une longue période en position assise ou allongée, par exemple après un long trajet en voiture ou en avion, au théâtre ou au cinéma, devant la télévision ou à l'ordinateur.

• Survient ou s'aggrave plus fréquemment le soir ou la nuit, au repos ou à l’endormissement. Peut perturber le sommeil. Par exemple, si vous essayez de vous endormir, les symptômes du SJSR peuvent vous empêcher de trouver le sommeil ou de rester endormi.
Qui en souffre?
• Peut se manifester à tout âge, mais concerne le plus souvent les personnes âgées.

• Plus fréquent chez les personnes de plus de 65 ans (près de 50 % d'entre elles en souffrent).
• Peut se manifester à tout âge.

• Les cas de SJSR augmentent avec l'âge et sont donc beaucoup plus fréquents chez les personnes âgées.

Les femmes sont plus touchées que les hommes.

Les femmes enceintes en souffrent souvent.

Que faire ou ne pas faire?

Tout dépend de la souffrance que ces maux vous causent. Les trouvez-vous pénibles à supporter? Les symptômes provoquent-ils des désagréments la nuit ou le jour? Si tel est le cas, il convient de garder à l’esprit qu’il existe presque toujours une solution. Les symptômes peuvent être gérés par des ajustements de vos comportements en lien, des changements de mode de vie et/ou des médicaments.

De nombreuses personnes présentent des symptômes des mouvements périodiques des membres pendant le sommeil (MPMS) et du syndrome des jambes sans repos (SJSR) de manière occasionnelle ou sans conséquences majeures sur leur qualité de vie. C’est pourquoi le grand public et les professionnels de la santé tendent à négliger ces troubles. En revanche, si vous êtes aux prises avec des symptômes fréquents et graves qui perturbent votre sommeil, vos journées et votre travail, le fardeau devient difficile à porter. Gardez à l’esprit qu’il existe presque toujours une solution. Se faire traiter est d’autant plus important qu’il est avéré que ces mouvements et sensations désagréables s’aggravent avec l’âge.

Comme pour beaucoup d’autres troubles liés au sommeil, il importe d’évaluer votre état de santé général au moyen d’un examen médical et d’une évaluation du mode de vie pour comprendre les causes des problèmes et choisir le bon traitement. À cet égard, une analyse sanguine se révèle indispensable afin de mesurer le taux de ferritine et de déterminer s’il y a une carence en fer.

L’étude du sommeil est aussi essentielle que l’examen médical, notamment si l’on soupçonne des MPMS. Elle constitue la prochaine étape pour continuer le processus de diagnostic différentiel (type de diagnostic visant à éliminer les autres causes possibles) et exclure d’autres troubles du sommeil.

Il s’agit d’une combinaison de mesures subjectives et objectives du sommeil effectuées dans une clinique du sommeil par des professionnels du sommeil. Elle peut consister à remplir des questionnaires, à tenir un journal de sommeil et à évaluer la qualité globale du sommeil avec divers tests physiologiques.

La qualité et l’architecture de votre sommeil seront analysés au moyen d’un polysomnogramme (PSG). Cet examen indolore consiste à placer plusieurs électrodes sur votre peau afin de mesurer les activités électriques du cerveau et des muscles pendant votre sommeil. Les études du sommeil servent aussi à évaluer les fonctions respiratoires, car les résultats peuvent expliquer plusieurs symptômes diurnes associés au sommeil de mauvaise qualité. Pour ce faire, la fréquence respiratoire et le niveau d’oxygène sont enregistrés à l’aide d’une canule nasale, d’une ceinture d’effort placée sur la poitrine et l’abdomen, et d’un capteur fixé au bout d’un de vos doigts, par exemple.

Pour de plus amples informations sur l’étude du sommeil, nous vous invitons à consulter le guide pour les patients de la Société canadienne du sommeil (SCS) : https://scs-css.ca/ressources/brochures/guide-patient

Une fois le diagnostic posé, le traitement est établi en fonction de la souffrance que vous causent vos symptômes. Il pourra faire appel à des modifications du mode de vie, du comportement et à des médicaments.

Les changements de mode de vie et de comportements consistent à réduire ou à éliminer les déclencheurs potentiels tels que le tabac, l’alcool ou la caféine. L’exercice, les techniques de relaxation et la méditation apparaissent au nombre des solutions non médicamenteuses. Les interventions immédiates consistent à masser les jambes, à prendre un bain chaud ou à bouger, par exemple en s’étirant ou en marchant. Si ce n’est déjà fait, il importe par ailleurs d’établir un horaire de sommeil régulier, ce qui implique de dormir et de se réveiller à la même heure chaque jour autant que possible.

En général, les médicaments servant à traiter les symptômes des MPMS ou du SJSR agissent sur les mécanismes chimiques du cerveau qui interviennent dans la régulation des mouvements. Ainsi, plusieurs médicaments prescrits pour ces troubles agissent sur la dopamine, une substance qui joue un rôle dans la communication entre les cellules du cerveau (un neurotransmetteur). Des médicaments comme les benzodiazépines sont également prescrits pour agir sur l’activité cérébrale anormale liée aux mouvements. Les suppléments de fer peuvent aider à maîtriser les symptômes si l’analyse sanguine révèle une carence en fer.

Quelles sont les causes des MPMS et du SJSR?

Les mouvements périodiques des membres pendant le sommeil (MPMS) et le syndrome des jambes sans repos (SJSR) sont idiopathiques – terme médical qui signifie sans cause connue – ou secondaires, c’est-à-dire la conséquence d’une condition médicale primaire ou de l’usage de médicaments ou de drogues.

Les MPMS et le SJSR idiopathiques sont souvent héréditaires, ce qui suggère un lien génétique qui accroît les probabilités d’être atteint de l’une ou l’autre de ces maladies. Plusieurs gènes possiblement impliqués sont actuellement étudiés.

Puisque les médicaments qui agissent sur la dopamine atténuent considérablement les symptômes, on pense aussi qu’un déséquilibre neurochimique attribuable à cette substance impliquée dans la communication cellulaire pourrait être en cause. Même si la dopamine est également associée à la maladie de Parkinson, aucun lien n’a été établi entre les MPMS, le SJSR et le Parkinson. Les causes ne résideraient donc pas dans les membres eux-mêmes, mais dans les gènes et dans la façon dont le cerveau régule les substances neurochimiques, comme la dopamine, qui interviennent dans les mouvements.

Dans le cas des MPMS et du SJSR secondaires – qui découlent, donc, d’une condition médicale ou sont causés par l’usage de médicaments ou de drogues –, les symptômes disparaissent habituellement lorsque l’état de santé s’améliore ou lorsque la personne cesse de prendre les médicaments qui provoquaient les troubles.

Plusieurs antidépresseurs et antihistaminiques ainsi que certains antipsychotiques peuvent entraîner des MPMS et un SJSR comme effets secondaires. Si vous prenez des agents anti-dopaminergiques, un médecin devra peut-être en surveiller l’utilisation, car ils constituent les principaux suspects en cas de MPMS et de SJSR secondaires.

D’autres sources possibles sont la grossesse et l’anémie qui, si elles perturbent l’équilibre des taux de fer, peuvent causer des MPMS ou du SJSR secondaires. Les symptômes de ces troubles se révèlent dans certains cas une conséquence du diabète ou d’une maladie rénale.

Quelles sont les répercussions du MPMS et du SJSR?

Bien que les mouvements périodiques des membres pendant le sommeil (MPMS) et le syndrome des jambes sans repos (SJSR) ne soient pas, en eux-mêmes, des problèmes médicaux dangereux, ils peuvent rendre la vie très désagréable.

Si vous souffrez de MPMS et peut-être de SJSR et que vos symptômes sont graves et fréquents, vous pourriez éprouver une somnolence, une certaine fatigue ou une sensation de ne pas être reposé quand vous êtes éveillé. Leurs symptômes peuvent conduire dans certains cas à de l’insomnie chronique, puisqu’ils influencent le temps nécessaire pour trouver le sommeil, la capacité à rester endormi et, par conséquent, la durée et la qualité du sommeil.

Ainsi, ces maux risquent d’entraîner une privation de sommeil avec des répercussions sur la santé qui peuvent aller d’un manque de concentration ou d’une humeur changeante à un risque accru de maladies cardiovasculaires ou de dépression, par exemple.

Les MPMS et le SJSR peuvent aussi révéler des troubles médicaux sous-jacents plus graves, tels que le diabète, une maladie rénale et l’anémie.

Bref, comme la présence de ces deux troubles du sommeil peuvent signaler celle d’autres maladies et qu’on peut agir sur les symptômes, pensez à consulter un médecin afin de retrouver le repos, de jour comme de nuit.